Global Positioning System

Après avoir beaucoup pratiqué l’Art contextuel au travers de la performance, en totale immersion avec le public et en contact direct avec l’humain, je m’interroge maintenant sur son évolution.
L’omniprésence des algorithmes mathématiques dans notre quotidien au travers de la numérisation généralisée et le recours au cryptage systématique m’interpellent, me déroutent, m’inquiètent aussi car ils redessinent notre rapport au temps et à l’espace, à l’imaginaire et au monde.

Comment l’artiste peut-il s’intégrer dans ce changement de paradigme ?

Quelle réponse opposer à cette colonisation mathématique ?

Tout comme l’informatique doit servir l’Homme, à la base, cette numérisation prolifique doit pouvoir appuyer un discours. Ainsi, à travers mon concept GPS j’assujettis des données pour les mettre au service de mon dessein.

Avec le système de localisation par satellite, la géographie devient géométrie, chaque lieu sur Terre correspond à un code inscrivant ainsi le Monde dans un maillage numérique. Grâce à l’accès démocratisé aux images de satellites, je peux explorer de multiples zones géographiques afin de trouver des sites à exploiter, à ma manière, et les répertorier. En sélectionnant ces images, j’évoque l’insularité ou le retranchement. Je mets en exergue différents paradoxes : la multiplicité des codes face à l’unique, la fugacité de la communication à l’ère numérique face au poids de la tradition orale dispensée dans certaines contrées, l’exception face à la mondialisation. Je révèle également des mers intérieures qui parlent de l’isolement et de la singularité, de l’incongruité aussi de certains paysages. Ces sites deviennent alors «sujets» et grâce à mon intervention plastique, se transforment en œuvre. Je garde cependant leurs codes comme titre afin d’opposer la nomenclature au lyrisme. Ainsi, les contours de ces mers, leurs rivages vont permettre une narration et raconter leur histoire, ou la mienne.